Un assuré qui repousse son départ en retraite au-delà de l’âge légal se retrouve face à un jeu d’équilibriste : plusieurs majorations peuvent s’additionner, mais certaines se neutralisent. Bonus de réversion et bonus terminal : deux dispositifs, deux logiques, et parfois, une frontière floue dans la réglementation. Selon le régime et le parcours de l’assuré, ces mécanismes pèsent lourd dans le calcul de la pension finale et orientent les choix cruciaux au moment de partir.
Comprendre les notions de bonus de réversion et de bonus terminal dans le système des retraites
Dans le paysage des retraites françaises, deux dispositifs ressortent : le bonus de réversion et le bonus terminal. Chacun s’inscrit dans une logique distincte, étroitement liée à la nature du régime, au profil du bénéficiaire et à son parcours professionnel. Le bonus de réversion consiste à transmettre une portion de la pension à un conjoint survivant, un ex-conjoint, ou parfois à un orphelin, selon des critères précis. Ce mécanisme s’applique dans le régime général (assurance retraite, MSA, CNAVPL), dans la retraite complémentaire Agirc-Arrco, ainsi que dans la fonction publique, chacun de ces régimes fixant ses propres règles de calcul et d’attribution.
Autre logique pour le bonus terminal : il s’agit d’une majoration attribuée à l’assuré qui repousse le moment où il liquide ses droits, prolongeant ainsi son activité au-delà de l’âge légal. Ce choix est encouragé par certains régimes, qui accordent alors un supplément sur la pension. L’Agirc-Arrco applique ce principe avec des coefficients de majoration, tandis que la CNAV ou la CNRACL disposent de leurs propres modalités.
Les conditions d’accès ne se recoupent pas. La pension de réversion suppose de remplir des critères d’âge, de ressources ou de situation familiale, variables selon le régime. À l’inverse, le bonus terminal ne dépend que du report de la liquidation des droits et du nombre de trimestres cotisés au-delà de l’âge légal. Les taux de réversion oscillent selon les régimes, entre 50 % et 60 %, et une réforme à venir s’attachera à harmoniser ces seuils. La réglementation reste complexe et morcelée. Cumuler ces dispositifs n’est pas toujours possible, d’où la nécessité d’examiner attentivement le parcours de l’assuré et la situation familiale.
| Dispositif | Régimes concernés | Conditions | Effet sur la pension |
|---|---|---|---|
| Bonus de réversion | Régime général, Agirc-Arrco, fonction publique | Décès, âge minimum, conditions de ressources selon le régime | Transmission d’une partie de la pension au conjoint, ex-conjoint ou orphelin |
| Bonus terminal | Agirc-Arrco, CNAV, CNRACL | Prolongation d’activité au-delà de l’âge légal | Majoration du montant de la pension liquidée |
À qui s’adressent ces dispositifs et quelles sont les conditions pour en bénéficier ?
Le bonus de réversion s’adresse principalement aux conjoints survivants, mais aussi, sous certaines conditions, aux ex-conjoints et aux orphelins. Selon le régime, l’accès à la pension de réversion implique de satisfaire à des critères de ressources ou d’âge. Par exemple, dans le régime général (assurance retraite, MSA, CNAVPL), les seuils sont stricts. À l’Agirc-Arrco, il n’y a pas de condition de ressources, mais l’âge minimum est de 55 ans (ou 60 ans pour certains anciens cadres). La fonction publique, quant à elle, applique des règles spécifiques pour les orphelins, ouvrant des droits si les deux parents sont décédés.
Voici les principales règles à connaître concernant les majorations et les causes d’exclusion :
- Une majoration pour enfant s’applique dès trois enfants (par exemple, +10 % dans le régime général).
- La réversion est supprimée en cas de remariage à l’Agirc-Arrco, mais pas en cas de pacs ou de concubinage.
- En cas de plusieurs mariages, la pension de réversion est répartie au prorata de la durée de chaque union.
Le bonus terminal cible exclusivement l’assuré qui décide de retarder la liquidation de sa retraite après l’âge légal de départ. Ni plafond de ressources, ni condition familiale : tout dépend du nombre de trimestres supplémentaires cotisés. Ce dispositif concerne les affiliés du régime général, de la fonction publique et de l’Agirc-Arrco, sans demander de justificatif relatif à la situation familiale.
Activer ces droits exige de présenter des justificatifs : acte de naissance, livret de famille, carte d’identité, etc. La liste varie selon la caisse, la situation familiale et le parcours professionnel. Être attentif aux délais et à la complétude du dossier reste indispensable pour éviter toute mauvaise surprise.
Bonus de réversion ou bonus terminal : en quoi leurs mécanismes et leurs objectifs diffèrent-ils vraiment ?
Le bonus de réversion et le bonus terminal incarnent deux approches radicalement différentes dans l’univers de la retraite en France. Le premier s’ancre dans la solidarité : il garantit un revenu au conjoint survivant, mais aussi, parfois, à l’ex-conjoint ou aux enfants, après le décès d’un assuré. Les critères d’attribution dépendent alors de l’état civil, du niveau de ressources et du régime d’affiliation, avec des taux de réversion variables : 54 % au régime général, 60 % à l’Agirc-Arrco, 50 % dans la fonction publique.
Le bonus terminal s’inscrit dans une logique toute différente. Il valorise le choix individuel de prolonger son activité professionnelle au-delà de l’âge légal. Son principe : chaque trimestre travaillé après l’âge de départ augmente la pension par une surcote. Ici, pas de condition liée à la famille ou aux ressources, mais une récompense directe pour ceux qui repoussent leur départ et contribuent plus longtemps.
Pour résumer les spécificités de chacun :
- Pension de réversion : soutien financier destiné au survivant, conditionné par le statut matrimonial et, parfois, les ressources.
- Bonus terminal : majoration temporaire ou définitive de la retraite pour ceux qui différèrent leur départ.
La future réforme des retraites prévoit d’harmoniser les taux de réversion (entre 50 % et 60 % d’ici 2026) et de détendre certaines conditions de ressources. Concrètement, ces évolutions interrogent la simplicité et l’équité du système. Le bonus terminal, plus lisible, reste réservé à ceux qui font le choix individuel de travailler plus longtemps. Les deux dispositifs ont donc des publics cibles distincts, mais reflètent la volonté d’articuler solidarité et incitation.
Impact concret sur le montant de la retraite : exemples et cas pratiques pour mieux s’y retrouver
Le montant de la pension cristallise toutes les attentes. Imaginons un assuré décédé, marié depuis vingt ans, dont la pension de base atteignait 1 600 euros bruts. Son conjoint survivant peut alors percevoir une pension de réversion équivalente à 54 % de la pension de base, soit 864 euros par mois, sous réserve de respecter le plafond de ressources. Avec trois enfants ou plus, une majoration de 10 % vient s’ajouter. Ce dispositif profite aux actifs comme aux retraités.
Autre configuration : un cadre du secteur privé, affilié à l’Agirc-Arrco, choisit de repousser son départ à la retraite de deux ans. Il bénéficie alors du bonus terminal, qui majore sa pension complémentaire de 10 % pendant un an, une donnée vérifiée auprès de l’Agirc-Arrco. Cette stratégie individuelle augmente le montant de la retraite mensuelle, sans tenir compte des conditions de ressources ou de la structure familiale.
Voici un tableau de synthèse pour visualiser les différences :
| Dispositif | Montant | Conditions |
|---|---|---|
| Pension de réversion (régime général) | 54 % de la pension du défunt | Âge minimum : 55 ans, conditions de ressources |
| Bonus terminal (Agirc-Arrco) | Majoration de 10 % sur la complémentaire pendant 1 an | Départ différé d’au moins 2 ans, aucune condition de ressources |
Le versement est toujours notifié par la caisse de retraite. Si une erreur se glisse, il faut réagir rapidement : réclamation à la caisse, puis recours auprès du service arbitrage Agirc-Arrco, voire du médiateur en cas de litige persistant. Rester attentif aux justificatifs, à la date de liquidation et à la cohérence des montants notifiés s’impose à chaque étape.
Face à ces choix, l’assuré navigue entre transmission et valorisation individuelle. Chacun de ces dispositifs façonne un parcours de retraite à son image, entre héritage et prolongation active. Et l’équilibre, lui, se joue bien avant le dernier jour de travail.


